mardi 8 novembre 2011

Atelier théâtre autour de Luca

Jouer Ghérasim Luca : La parole en action
Atelier dirigé par Vincent Debost, comédien et metteur en scène
Du 22 novembre au 2 décembre 2011 Du mardi au vendredi de 13h30 à 18h30 -

Si la poésie de Gherasim Luca met “La parole en action” c'est qu'elle appelle en effet une véritable dramaturgie de la parole. Elle mobilise plus qu'aucune autre, le souffle, la voix du comédien et exige de lui un grand engagement physique. Pour que le (les) sens apparaisse(nt) pleinement, il est nécessaire à l'acteur de s'engager dans un travail minutieux sur les sonorités, les inflexions, les variations d’intensité et de rythme. En retour, l’œuvre de Luca offre un matériau rêvé pour qui cherche à travailler l’interprétation et à élargir ses perspectives de jeu dans leurs nuances les plus fines.
D’une grande sensualité, violente par sa beauté, grave dans sa légèreté, la parole chez Ghérasim Luca est un bouleversement intime. Elle met en jeu l’affect et le singulier. Elle demande à l'interprète de se laisser envahir par le verbe, d'en oublier le sens pour le retrouver ensuite par l'accumulation des mots, par le jeu de leurs résonances, par leur musicalité. C'est au cœur de cette parole adressée, proférée, susurrée, proclamée, dansée, chantée, distanciée... que je vous invite à vous perdre, et c'est au détour de votre propre rapport au verbe que je souhaite redécouvrir avec vous la théâtralité de cette poésie, qui ouvre l'imaginaire et provoque l'émotion à fleur de peau.
Vincent Debost : Comédien et metteur en scène, Vincent Debost débute sa formation au Conservatoire du 10e arrondissement (Paris) de 1994 à 1997. Il entre au Conservatoire National Supérieur d'art dramatique en 1997 et en sort en 2000.
En tant que comédien, au théâtre il a travaillé avec : Hédi Tillette de Clermont Tonnerre, Paul Desveaux, Sylvain Maurice, Jacques Lassalle, Brigitte Jaques-wajeman, Anne Contensou, Véronique Widdock, Jacques Weber, Lucie Berelowitsch, Olivier Treiner, Arnaud Denis, Matthew Jocelyn, Olivier Bunel, Lucie Vallon, Gregorry Motton et Ramin Gray, Philippe Adrien, Stephan Druet, Jérémy Banster, Mario Gonzales, Loïc Corbery et Jérôme Ragon, Joseph Menant…

Renseignements/Inscription : 01 42 00 50 17 - 06 16 51 76 70 - lesesperlus@gmail.com
Tarif du stage : 240 € (adhésion à l'Esperlu&te comprise)

dimanche 28 août 2011

Arthur H chante Prendre corps

Baba Love, le nouvel album d'Arthur H dans les bacs le 17 octobre 2011

Avec un titre qui sonne comme une ode à l'amour, dans sa quarantaine rugissante, Arthur H nous livre un album aussi mature qu'audacieux.
arthur-h-baba-love-album.jpgAvec "Baba Love", la musique est là, sobre, élégante, moderne, classieuse. Pour ce faire une équipe de choc, et surtout des invités d'honneurs exceptionnels comme Jean Louis Trintignant qu'on ne présente plus, Saul Williams, chanteur poète américain considéré comme l'une des grandes figures du hip-hop soul, la délicieuse et très solaire Izia et la mystèrieuse Claire Farah.
Sur ce nouvel opus, la voix d'Arthur est complètement libérée, chaude, légère, vivante, passant sans difficulté du grave à l'aigu, avec une diction précise et efficace. La langue française vit et vibre dans le palais ultra-sensible de notre french-cowboy. Comme dans Prendre Corps, un poème fleuve de Ghérasim Luca, un délire sexuel porté à l'incandescence digne des meilleurs Gainsbourg. Ou encore L'Ivresse des hauteurs, un conte fantastique et mystique porté par les timbres hypnotiques de Trintignant et de H. Des mots qui sonnent, des mots qui claquent, en français comme en anglais. On a jamais entendu rapper Arthur avec une telle puissance sur Basquiat, un hip-hop funk rock bâtard sur le peintre rock-star ou sa voix se marie à la perfection avec celle du grand Saul Williams, un des inventeurs du slam new-yorkais.
Avec ce nouvel album Arthur H se balade, il se perd et on le suit, toujours plus loin. Il nous livre la quintessence de ce qui sait faire de mieux, de la poésie avec de la musique. Pas de consensus, pas de de faux-semblants, pas de sentimentalisme gratuit, juste une livraison immédiate d'émotions pures. Les ingrédients : de l'amour, de l'art, de l'humour, des voyages, du sexe.

Voir article dans Ouest-France:

http://www.ouest-france.fr/actu/disques_detail_-Avec-Baba-Love-Arthur-H-impressionne-_3724-2001620_actu.Htm

samedi 4 juin 2011

Merlin et le théâtre de bouche à Saint-Ouen

samedi 22 janvier 2011

Écouter l’indicible avec les poèmes de Ghérasim Luca

Serge Martin: « Écouter l’indicible avec les poèmes de Ghérasim Luca » dans Interférences n° 4 (« Indicible et littérarité »), Louvain : Université Catholique de Louvain (Belgique), Mai 2010, p. 233-246.

Résumé

Ghérasim Luca (1913-1994) est considéré comme un poète sonore ce qui paradoxalement peut faire disparaître l’indicible qu’il fait entendre quand la critique met depuis le fameux mot de Deleuze toute son oeuvre sous le signe d’un bégaiement. Ce poète qui a échappé à la « solution finale » en Roumanie et lutté toute sa vie contre les multiples tentatives de la reproduire autrement jusque dans l’arraisonnement des écritures et des vies, n’a cessé d’opposer une force de vie dans et par le langage dont l’orientation peut être définie par une physique de la pensée : l’invention de corps-langages inouïs après l’extermination massive des Juifs d’Europe, la bombe d’Hiroshima et tout ce qui ne cesse de les prolonger. Loin d’un silence testimonial, l’oeuvre de Luca constitue un défi à tous les discours de déploration et de défiance au langage : l’indicible est audible dès le plus petit poème qu’il s’appelle « Auto-Détermination », « Quart d’heure de culture métaphysique », « Passionnément » ou encore « La fin du monde ». « Le chant de la carpe » est un poème « à gorge dénouée » qui rend voix à ce qu’on veut taire, faire taire jusque dans la célébration. Ce qui ne manque pas d’obliger à reconsidérer la fameuse déclaration d’Adorno qu’on a peut-être mal lue ou lue trop vite…


Abstract

Ghérasim Luca (1913-1994) is considered as a poet of sound, which paradoxically can hide the unspeakable he expresses as the critics have put his whole work under the sign of stammering since Deleuze’s comment. This poet, who escaped from the “final solution” in Romania and who has struggled all his life against the numerous attempts of reproducing it in other ways, as far as in the unreasoning of writings and lives, has always opposed a force of life within and through the language, whose orientation can be defined by a physics of thought: the invention of outrageous language-bodies after the genocide of the European Jews, the Hiroshima bomb and everything that continues them. Far from being a witness’s silence, Luca’s work is a challenge to all the speeches of mourning and mistrust of language: the unspeakable can be heard in any of the poems, whether they’re entitled “Auto-Détermination”, “Quart d’heure de culture métaphysique”, “Passionnément”, or “La fin du monde”. “Le chant de la carpe” is a “loud” poem, which gives a voice to what people want to keep silent, silent as far as in the celebration. Which doesn’t go without obliging us to reconsider Adorno’s famous declaration that might have been misread or read too quickly…