Publié le 08-03-2012
Amédée donne ses nouvelles du fond au Théâtre du Portail Sud
Amédée aime à bousculer les mots. Parfois déconcertant, souvent burlesque, sa 23e création emmène le spectateur dans un univers singulier où langages verbal et corporel se fondent.
Amédée donne ses dernières nouvelles du fond. L’une des qualités du théâtre n’est-elle pas de provoquer des rencontres entre des écrivains et des spectateurs, arrivés devant la scène, poussés par le désir de voir et la curiosité d’entendre ?
Mettre en jeu une écriture contemporaine reste toutefois un pari audacieux, et c’est le défi qu’a relevé avec brio Amédée Bricolo, grâce à deux écrivains essentiels : Ghérasim Luca et Valère Novarina. Quand Amédée a demandé à ce dernier l’autorisation de choisir dans ses textes pour imaginer un nouveau spectacle, celuici a répondu : « Bien sûr, tu prends ce que tu veux. »
Mais quand Amédée a risqué : « Serais-tu d’accord pour que j’associe tes textes à ceux d’un autre auteur », Valère s’est rembruni et il a demandé, inquiet : « Cela dépend… Quel auteur ? »
À l’annonce de « Ghérasim Luca », le visage de Valère s’est éclairé et il a répondu : « En si belle compagnie, je ne peux qu’être fier ! »
Le projet était lancé, constituant la 23e création dans la carrière de celui qui se caractérise comme un clown de théâtre ou… un acteur qui s’est spécialisé clown. Amédée voulait, plus que tout, que son fidèle public - il en est à 3.000 représentations, tous spectacles confondus depuis trente ans, dans 43 pays - rencontre la poésie, à l’instar de Monsieur Jourdain qui avait rencontré la prose… sans le savoir.
Un savant mélange de tragique et de comique
Aidé des autres membres de sa compagnie théâtrale : Anne Le Moal aux costumes et accessoires, Jean-Baptiste Manessier aux décors, Jocelyn Pras à la technique et Jean-Claude Cotillard à la mise en scène, Amédée pouvait se consacrer à l’écriture du scénario et au jeu.
Depuis un an que le spectacle est donné, le public est au rendez-vous de cette véritable performance d’acteur. Il tient en haleine la salle, tout en utilisant des textes complexes, toujours très littéraires, en mélangeant tragique et comique.
Utilisation de l’espace autant que de son corps
C’est cela qui impressionne chez Amédée et ses « Dernières nouvelles du fond » : son aisance avec les mots, la poésie de la mise en scène et l’utilisation de l’espace autant que de son corps. C’est parfois déconcertant, souvent burlesque, et cela bouscule les mots en renversant les idées.
Amédée emmène le public dans un univers singulier ou langages verbal et corporel se fondent en puisant leur force dans les textes de ces deux auteurs contemporains. Pas un instant, il ne laisse le spectateur indifférent.
Jean-Philippe Lampin
Dernières nouvelles du fond Théâtre du Portail Sud, à Chartres, 02.37.36.33.06. Du 8 au 18 mars. Les jeudis, vendredis et samedis, à 21 heures, les dimanches à 16 heures
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